
145 000. C’est le nombre d’entreprises françaises qui, en 2023, ont entamé une démarche d’aménagement de leur prêt garanti par l’État, selon la Banque de France. Le dispositif ouvre, sous conditions strictes, la voie à un rééchelonnement pouvant s’étendre jusqu’à dix ans, bien au-delà des échéances d’origine. Pourtant, peu de dirigeants connaissent les arcanes de cette procédure de restructuration, qui réclame préparation minutieuse et anticipation des exigences bancaires.
Sur le terrain, beaucoup de demandes se heurtent à des refus : dossiers bancals, perspectives de relance jugées trop fragiles. L’obtention d’un accord dépend d’une maîtrise des étapes, des critères d’accès et des leviers à activer pour convaincre la banque.
Plan de l'article
Pourquoi envisager la restructuration de son PGE en 2024 ?
Le prêt garanti par l’État a injecté plus de 143 milliards d’euros dans 700 000 entreprises françaises au cœur de la crise sanitaire. À l’heure où le remboursement devient incontournable, beaucoup de dirigeants voient la pression sur leur trésorerie s’accentuer. Les perspectives de croissance restent timides, inflation et hausses de taux d’intérêt compliquent encore l’équation.
Étaler le remboursement du PGE, c’est s’accorder un peu de respiration. La Commission européenne a permis d’allonger jusqu’à dix ans la durée de remboursement, offrant une soupape bienvenue pour ceux qui subissent encore les séquelles de la crise COVID. Quand la dette pèse trop lourd, le défaut de paiement n’est jamais loin : c’est la relation bancaire qui en pâtit, parfois jusqu’à frôler la procédure collective.
Trois raisons majeures poussent à la réflexion :
Pour mieux comprendre ce qui motive la demande de restructuration du PGE, voici les arguments avancés par les entreprises :
- Préserver la trésorerie et se donner les moyens de réinvestir pour soutenir l’activité.
- Faire face aux nouvelles exigences bancaires et à des taux de crédit plus élevés.
- Rester dans le cadre préconisé par l’État et la Banque de France qui encouragent les solutions négociées pour limiter les sorties de route.
Rediscuter son prêt n’est pas un aveu d’échec. C’est adopter une posture proactive, refuser la dépendance vis-à-vis de la dette et bâtir un plan de relance sur des bases solides. Ceux qui osent anticiper, négocient tôt et revoient leur stratégie financière abordent les périodes troublées avec plus de maîtrise.
Quels critères et conditions pour accéder au rééchelonnement du prêt garanti par l’État ?
Demander un rééchelonnement du PGE ne va jamais de soi. Le dispositif cible en priorité les entreprises réellement fragilisées (TPE, PME, tous secteurs confondus), mais chaque dossier subit une analyse méticuleuse. Les banques exigent des preuves : des chiffres clairs, une transparence irréprochable, et la garantie que l’entreprise sera en mesure d’assurer le remboursement. La capacité à honorer les échéances adaptées reste le véritable point de bascule.
La procédure démarre avec son conseiller bancaire. Si la discussion patine, la médiation du crédit portée par la Banque de France peut être sollicitée pour fluidifier les négociations et éviter d’en arriver à la justice commerciale. L’étalement jusqu’à dix ans reste conditionné à la réalité des difficultés et à la robustesse du plan présenté.
Monter le dossier demande rigueur et méthode. Le recours à un expert-comptable ou un commissaire aux comptes devient alors incontournable : leur attestation légitime la demande d’aménagement en certifiant que la situation financière ne permet plus de suivre l’échéancier classique. C’est cette pièce centrale qui crédibilise la requête auprès de la banque et des organismes publics.
Voici les principaux critères examinés lors de l’analyse :
- Trésorerie tendue ou fragilisée, besoin de solutions rapides
- Perspectives de redressement argumentées et réalistes
- Démarche résolument amiable, amorcée avant que la justice ne soit saisie
S’y prendre sans tarder, bâtir un dossier complet, s’appuyer sur des partenaires solides : c’est la démarche qui fait la différence. Ceux qui respectent ces étapes voient augmenter leurs chances d’obtenir l’aménagement du prêt garanti par l’État et d’échapper à la spirale négative de l’endettement mal maîtrisé.
Les étapes concrètes pour mener à bien la restructuration de son PGE
La première étape, c’est le diagnostic financier. Ce bilan doit offrir une photographie très précise de la trésorerie, de la structure d’endettement, des prochaines échéances et des vulnérabilités repérées. Impossible d’être entendu sans vision très claire des chiffres.
Ensuite vient la constitution du dossier : bilan, compte de résultat, plan de trésorerie prévisionnel, attestation de l’expert-comptable ou du commissaire aux comptes. Ce dernier document justifie qu’il n’est pas possible de respecter l’échéancier initial et motive la demande d’un allongement de la durée du PGE.
La troisième étape, c’est la négociation avec la banque. Le dialogue doit rester franc et transparent ; l’idée est de détailler les obstacles rencontrés, d’exposer un nouvel échéancier adapté, et de présenter des projections cohérentes. La qualité du dossier et la transparence du porteur de projet pèsent largement dans la balance.
Si le dialogue se grippe, la médiation du crédit peut être saisie pour sortir de l’impasse. Ce processus propose une concertation tripartite et, pour les situations les plus complexes, le recours au conseiller à la sortie de crise qui propose des solutions personnalisées évitant de basculer trop vite vers la procédure collective.
Pour mieux visualiser la méthode, ces quatre étapes structurent l’ensemble de la démarche :
- Évaluer honnêtement la situation financière et la trésorerie
- Préparer un dossier complet, solide, illustré de preuves
- Négocier directement avec la banque, avec des arguments factuels
- Recourir à la médiation si aucune solution ne se dégage à l’amiable
Le succès tient à l’anticipation, à la consistance du dossier, et à la capacité à défendre la stratégie économique de l’entreprise. Les dirigeants qui associent expert-comptable, partenaires bancaires et leur propre implication directe se donnent incontestablement plus de chances de rebondir sainement.
Relancer son entreprise : conseils pratiques pour tirer parti d’un PGE réaménagé
Un PGE réaménagé, c’est l’opportunité de remettre à plat sa gestion, à condition de ne pas céder à la facilité. La trésorerie libérée ne doit pas simplement servir à boucher les trous. Il s’agit de l’utiliser pour structurer la relance : développer l’activité commerciale, investir dans l’outil de production, sécuriser les relations fournisseurs. Attention toutefois à ne pas camoufler une dette chronique qui mettrait l’entreprise en péril.
Sur le plan financier, une surveillance quasi constante s’impose. Suivi de trésorerie au plus près, bilan régulier, anticipation des prochaines échéances. La gestion doit être resserrée. La notation délivrée par la Banque de France pèse sur les futurs financements ; une dégradation de la cotation peut transformer la relation bancaire en véritable parcours d’obstacles. L’expert-comptable reste un conseiller précieux pour suivre la trajectoire et ajuster le cap en temps réel.
Voici plusieurs leviers pour exploiter au mieux l’aménagement d’un PGE :
- Dédier l’argent disponible à des investissements qui améliorent la compétitivité : digitalisation, automatisation, formations ciblées.
- Intensifier les actions commerciales pour capter de nouveaux clients et fidéliser les segments porteurs.
- Ajuster l’offre en restant à l’écoute des évolutions de la demande et du marché.
Côté équipe, la force tient dans la cohérence et l’engagement. Un climat interne serein, la reconnaissance des compétences clés, la consolidation des postes stratégiques font toute la différence. Les évolutions de métiers sont à accompagner de près pour que chacun trouve sa place dans la nouvelle dynamique de relance.
Si les efforts ne suffisent pas, il existe des dispositifs d’accompagnement : Banque de France, médiation, conseillers départementaux dédiés à la sortie de crise. Pour les entreprises capables de garder la tête froide et d’agir avec méthode, la restructuration du PGE n’est pas un point final mais un tremplin. Sur les lignes de l’économie française, ce sont les plus agiles et les mieux préparés qui dessinent déjà les prochaines trajectoires.























































