
Interdiction ne rime pas toujours avec disparition. Tandis que le bitcoin s’impose ailleurs comme une évidence, l’Égypte, elle, maintient le verrou. Ici, la cryptomonnaie n’a pas droit de cité et le message des autorités ne souffre aucune ambiguïté : le bitcoin, ce n’est pas pour les rives du Nil.
Plan de l'article
Où en est la législation égyptienne sur le bitcoin et les cryptomonnaies ?
La légalité du bitcoin en Égypte s’appuie sur une réglementation stricte, posée noir sur blanc depuis la loi bancaire de 2020. La banque centrale d’Égypte interdit catégoriquement toute émission, transaction ou publicité autour des cryptomonnaies. Le texte vise expressément les crypto-actifs comme le bitcoin, tout en englobant l’ensemble des monnaies virtuelles. Aucune reconnaissance officielle n’est accordée à ces actifs numériques : ni monnaie légale, ni cours légal. Le secteur des crypto reste donc exclu du système bancaire traditionnel.
Le dispositif va bien au-delà d’un simple veto administratif. La loi prévoit des sanctions pénales sévères : jusqu’à cinq ans de prison et des amendes substantielles. Les sites d’échange étrangers sont bloqués, tandis que les banques locales ont l’obligation de signaler toute activité suspecte liée aux crypto-monnaies. L’objectif affiché ? Lutter contre le blanchiment d’argent et couper court à tout financement du terrorisme, deux préoccupations centrales pour l’État égyptien.
Pour ceux qui envisageaient d’investir, le décor est planté. Le bitcoin n’a aucune existence juridique. Les transactions en monnaies virtuelles sont surveillées de près. Contrairement à certains pays africains comme la République centrafricaine qui expérimentent des cadres plus souples, l’Égypte impose une ligne dure : ni bitcoin monnaie légale, ni tolérance dissimulée. Les autorités verrouillent l’accès au marché des crypto-actifs afin de maintenir la stabilité financière et le contrôle des flux monétaires.
Minage, achat et détention : ce que dit la loi aujourd’hui
Le minage de bitcoin en Égypte n’a aucune chance de voir le jour légalement. La réglementation actuelle interdit sans nuance le fait de miner du bitcoin. Les autorités assimilent l’extraction de crypto-monnaies à une infraction de la loi bancaire de 2020. Les particuliers comme les entreprises sont concernés, et le risque n’a rien de théorique : amendes lourdes, prison, confiscation du matériel. Oubliez les fermes de minage ou l’idée de rejoindre un pool local.
Même ligne dure concernant l’achat et la vente de bitcoin. Toute transaction impliquant des actifs numériques est formellement prohibée. Les plateformes d’échange de monnaies virtuelles sont bloquées sur le territoire. Tenter de contourner ces restrictions expose l’utilisateur à un risque juridique réel. Les mouvements suspects sont scrutés par la banque centrale, qui place la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme en première ligne de ses priorités.
La détention de bitcoin, elle, se situe dans un entre-deux. Aucun texte ne proscrit explicitement la simple possession de crypto-actifs, mais l’absence totale de cadre légal laisse chaque détenteur dans l’expectative. La moindre utilisation, la tentative la plus discrète d’utiliser le bitcoin comme moyen de paiement, suffit à faire basculer dans l’illégalité. Impossible de parler de bitcoin comme monnaie légale en Égypte : le statu quo est sans appel.
Pour résumer l’état des lieux, voici les points clés à garder en tête :
- Il est interdit de miner, acheter ou vendre du bitcoin.
- La détention reste dans une zone d’incertitude et n’offre aucune garantie juridique.
- Institutions financières et autorités surveillent de près les flux et les montants impliquant les cryptomonnaies.
Quels sont les risques juridiques pour les utilisateurs et mineurs de bitcoin en Égypte ?
La législation égyptienne ne fait pas de quartier. Toute interaction directe avec le bitcoin, qu’il s’agisse de minage, d’achat ou de vente, expose à des risques juridiques concrets et immédiats. D’un point de vue légal, les transactions en crypto-monnaies sont assimilées à des actes interdits. Les peines prévues sont dissuasives : plusieurs années de prison, amendes conséquentes et saisie du matériel utilisé. La loi bancaire de 2020 sert ici de socle à une politique de tolérance zéro.
Dès qu’il y a création, détention ou utilisation d’actifs numériques à des fins de paiement, la surveillance se fait plus intense. La banque centrale et les organismes de contrôle disposent de larges moyens pour traquer les flux et signaler toute transaction douteuse. Le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme sont systématiquement invoqués pour justifier cette vigilance accrue. Plateformes, intermédiaires ou simples particuliers, tous peuvent être visés par l’arsenal répressif.
Pour les utilisateurs de monnaies virtuelles, le terrain est miné. La simple présence de bitcoins sur un wallet peut attirer l’attention lors d’un contrôle bancaire. Les échanges sur des places de marché non officielles font grimper le niveau de risque. Les mineurs, eux, opèrent dans l’ombre, un seul faux pas peut tout faire basculer. Sans cours légal pour le bitcoin, aucune porte n’est laissée entrouverte pour une reconnaissance officielle.
Tendances récentes et perspectives d’évolution du cadre réglementaire
Le cadre réglementaire égyptien autour du bitcoin et des cryptomonnaies évolue lentement, sous la vigilance constante de la banque centrale. Celle-ci multiplie les rappels à l’ordre, verrouille les flux de monnaies virtuelles et affirme la suprématie de la livre égyptienne. Si certains pays comme le Salvador ou la République centrafricaine ont choisi d’intégrer le bitcoin, l’Égypte campe sur ses positions : pas question d’ouvrir la porte à ces actifs numériques.
Pourtant, la pression extérieure et les débats sur l’inclusion financière forcent la réflexion. Le Royaume-Uni avance sur la régulation, l’Union européenne affine son cadre MiCA, les voisins du Maghreb posent leurs propres jalons entre fermeture et innovation. L’Égypte, elle, reste en observation : elle consulte, elle interroge, mais sans franchir le cap du changement.
Depuis 2023, un frémissement se fait sentir. Les autorités égyptiennes évoquent timidement l’usage de la blockchain pour optimiser certains services publics, tout en maintenant l’interdiction des crypto-actifs dans le secteur privé. Prudence et expérimentation priment sur l’audace. Le discours officiel ne varie pas : ni bitcoin comme monnaie légale, ni reconnaissance des crypto-monnaies comme moyen de paiement.
Les entrepreneurs locaux attendent le moindre signe d’ouverture. Les investisseurs venus de l’étranger observent, dans l’expectative. Le débat s’invite peu à peu dans l’espace public, mais la banque centrale d’Égypte maintient sa ligne : immobilisme sur le cadre juridique, même si la tentation de suivre la tendance mondiale de régulation se dessine en filigrane.
À l’heure où certains pays font le choix de l’innovation, l’Égypte, elle, garde le pied sur le frein. Le bitcoin attend encore son heure, à l’ombre des pyramides.